Patrimoine Naturel
Faune
La Réserve naturelle du Plan de Tuéda présente une faune diversifiée : 261 espèces d’invertébrés et 136 de vertébrés recensés.
Parmi les espèces remarquables présentes, le tétras-lyre et le cassenoix moucheté forment des populations abondantes. Ce dernier possède un régime alimentaire essentiellement constitué de graines de pin cembro ; la dissémination et la régénération de la cembraie sont donc étroitement liées au cassenoix.
Parmi les centaines d’espèces connues dans la réserve figurent plusieurs espèces des milieux frais, humides ou aquatiques du fond de vallée : le lézard vivipare, la grenouille rousse et le triton alpestre, des libellules comme les cordulies alpestre et arctique, des papillons comme le petit apollon et le damier de la succise.
L’avifaune compte dans ces milieux des oiseaux nicheurs, tels le chevalier guignette, la rousserolle verderolle et le tarin des aulnes.
Dans d’autres milieux sont aussi présents la huppe fasciée, le merle de roche, le tichodrome échelette ou encore la chouette de Tengmalm et l’aigle royal. Ce dernier possède de nombreuses aires de nidification au sein de la réserve et niche très régulièrement.
Parmi les mammifères, on rencontre le chamois, le bouquetin et le cerf élaphe, auxquels s’ajoutent le lièvre variable et le campagnol des neiges. La marmotte alpine est l’animal que les visiteurs souhaitent voir en priorité.
Flore
650 espèces sont recensées : 545 plantes vasculaires, 58 bryophytes, 8 espèces de lichens, 2 espèces d’algues et 38 de champignons, qui comprennent les espèces à forte valeur patrimoniale de Vanoise (253 taxons en Vanoise, dont 28 ont été recensés dans la réserve).
Parmi ces espèces, on retient notamment la présence de la linnée boréale, une espèce protégée que l’on n’observe, en France, que dans cinq communes de Savoie, mais aussi de plantes telles que la petite utriculaire, la swertie vivace, la pédiculaire des marais (connue en Tarentaise seulement en deux localités) et la laîche bicolore.
Habitats
La réserve est composée de 51 habitats naturels que l’on peut classer en quatre types :
- les habitats rocheux, qui représentent environ 35 % du territoire de la réserve ;
- les pelouses et prairies s’étendant sur environ 26 % de la réserve ;
- les zones humides comptant pour 3 % ;
- les habitats forestiers et landes recouvrant 36 % de la réserve.
Dix-neuf de ces habitats possèdent une valeur patrimoniale et/ou un intérêt écologique. Les boisements alpins à mélèze et pin cembro constituent l’habitat à plus fort intérêt patrimonial sur la réserve avec la présence d’une espèce protégée et emblématique, la linnée boréale. Les zones humides constituent également un enjeu significatif pour la réserve.
Localisé sur le secteur amont du Doron des Allues, le Plan de Tuéda se compose de divers milieux, parmi lesquels un ensemble de milieux humides et aquatiques accompagnant le Doron, ainsi que des boisements de montagne. Le Bois Marin et le Bois de la Ramée se composent de boisements purs de pins cembro, comptant parmi les plus vastes des Alpes du Nord. Représentant une richesse naturaliste importante, ils ont justifié la création de la Réserve naturelle du Plan de Tuéda en 1990.
La cartographie des habitats a été réalisée sur l’ensemble de la Réserve en 2007 lors de la révision du 2ème plan de gestion.
Sommets
Retrouvez la localisation des principaux sommets de la RNN du Plan de Tuéda et visualisez-les.
La réserve se compose principalement d’une vallée à deux niveaux, séparés par un ressaut de 300 m de dénivellation. En aval, le Plan de Tuéda s’étire sur près d’1 km à une altitude constante de 1 700 m. Ce vallon est brusquement coupé au sud par les pentes des Mures Rouges et l’arête du Bois Marin, qui forment un escarpement rocheux au-delà duquel on débouche dans le vallon du Fruit. Celui-ci s’étend sur 3 km à une altitude variant de 2 000 m à 2 100 m. Les terrains du Plan de Tuéda et du vallon du Fruit sont constitués par les alluvions post-glaciaires du Doron des Allues, qui prend sa source au pied du glacier de Gébroulaz. Ces alluvions sont déposées dans les dépressions plus ou moins tourbeuses d’anciens lacs comblés.
Un manteau morainique datant du Würm garnit généralement les bas de pente du Plan de Tuéda et du vallon du Fruit, surtout en rive gauche pour celui-ci. En aval du lac de Tuéda, c’est un éboulis quaternaire, très visible depuis la piste d’accès à la réserve, qui occupe tout le versant jusqu’à l’arête de la Saulire, avec des glissements de terrain. Sous cette arête, l’éboulis présente une forme à gros blocs, peu répandue en Tarentaise. On retrouve ces éboulis quaternaires en rive gauche du lac de Tuéda (avec des glissements de terrain), ainsi qu’au vallon du Fruit, du col du Vallon jusqu’au glacier de Gébroulaz en rive gauche, et au pied de l’aiguille du Fruit sur l’autre rive (avec dans les deux cas des bourrelets de solifluxion).
Les deux vallées sont encadrées par des reliefs élevés : col du Fruit (2 516 m) et mont de la Challe (2 576 m) pour le Plan de Tuéda, aiguille du Fruit (3 051 m) et mont du Vallon (2 952 m) pour le vallon du Fruit. Ces reliefs sont constitués par des roches appartenant à la « zone briançonnaise ».
Au Bois Marin, au Bois de la Ramée et au Creux de l’Ours affleurent des schistes houillers dits de « l’assise de Tarentaise ». Ces roches forment des terrains très sujets aux glissements. Les schistes houillers sont directement surmontés par le complexe des gneiss du Sapey : gneiss œillés sous les aiguilles du Borgne, gneiss fins, micaschistes et gneiss indifférenciés sous la crête des Mines. On retrouve ces gneiss œillés au col du Fruit, au-dessus des éboulis quaternaires, alternant avec des micaschistes (« schistes bleus ») de la Vanoise méridionale.
Le secteur compris entre le refuge du Saut et le Plan des Génisses constitue une enclave de roches très localisées dans la réserve : juxtaposition de quartzites du Trias, de roches volcaniques basiques (« roches vertes »), de quartzites phylliteux du Permo-Trias, de gypses et de cargneules. En face du refuge du Saut, on note la présence d’une ancienne mine de plomb, d’argent et de fer dans des filons de quartz. Elle fut exploitée de 1758 à 1773, puis abandonnée à la suite de l’appauvrissement du filon.
Enfin, l’aiguille du Fruit (3 051 m), située hors de la réserve mais très structurante dans le paysage, est formée de calcaires et de dolomies du Trias. La complexité du substrat géologique conditionne la diversité pédologique de la réserve et en conséquence celle de la flore. La gamme de sols rencontrés va des rankers (sols peu différenciés, humifères, désaturés), que l’on trouve sur les éboulis, aux sols podzolisés (sols plus évolués), voire aux sols bruns acides dans les bas de pente et sur les replats.